Edith de Belleville – Interview

La sortie de Belles et Rebelles approche à grands pas ! Son auteure, Edith de Belleville, répond à nos questions avec enthousiasme et humour.
Edith, vous êtes avocate, guide-conférencière à Paris et vous allez bientôt écrire pour le magazine féminin franco-israélien Golda. Parmi toutes ces activités impressionnantes, vous êtes aussi auteure. Pourquoi et comment avez-vous eu envie d’écrire ?    

C’est grâce à mon métier de guide-conférencière. Dans mon livre, j’ai eu d’abord envie de parler de ce qui m’intéresse, c’est-à-dire les femmes du passé. En fait, c’est une charmante australienne Ollia qui est journaliste à RFI qui m’a donné l’idée d’écrire ce livre. Je l’ai rencontrée à Paris dans un groupe d’expatriées anglophones qui s’appelait « Women of success of Paris ». Tout le monde avait du succès sauf moi ! C’était un groupe d’entraide de femmes entrepreneurs anglo-saxonnes qui se réunissaient dans un cadre convivial. Deux ans plus tard, cette Australienne a repris contact avec moi pour m’inviter dans des émissions qu’elle animait pour une radio parisienne. Le sujet portait sur les femmes inspirantes du passé. Ensemble, on a fait dix podcasts en anglais d’une demi-heure chacun sur dix femmes françaises célèbres. Après, j’ai écrit ce livre aussi parce que j’aime écrire. J’ai réussi à le publier grâce à mon dentiste qui est auteur et qui m’a recommandée auprès de son éditeur. Je lui ai envoyé un chapitre seulement et j’ai signé le contrat ! La morale de mon histoire c’est : toujours avoir des relations cordiales avec son dentiste.

Dans votre livre Belles et Rebelles, vous mélangez biographies, développement personnel et même autobiographie. Vous développez un concept que vous appelez « le coaching par l’Histoire » : en quoi cela consiste et est-ce que vous le pratiquez vous-même dans votre propre vie ?

Le coaching par l’Histoire, qu’est-ce que c’est ? C’est une bonne question ! Euh… en fait je ne sais même pas si le concept est reconnu. Je peux juste vous expliquer ce que c’est pour moi. Avant, je lisais beaucoup de livres de développement personnel mais je me demandais toujours : qui sont ces auteurs pour me donner des conseils ? Je sais bien que la majorité d’entre eux sont des professionnels diplômés en psychologie mais je ne les trouvais pas très convaincants comme modèles à suivre. Moi, je suis très pragmatique. Pour que je sois convaincue, il aurait fallu que ces auteurs me prouvent qu’ils sont heureux dans leur propre vie grâce à leurs méthodes. Selon moi, le bon argument de vente ce sont les gens qui ont fait leur preuve. Est-ce que moi j’ai si bien réussi ? Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est que si j’ai toujours réussi à rebondir dans ma vie, c’est grâce à ces cinq femmes. Ce sont elles qui m’ont servi de motivation quand je me décourageais. Je pensais à leurs incroyables parcours dans les moments les plus tristes de ma vie et cela me donnait du courage. Prendre pour modèles des femmes inspirantes qui elles ont fait leur preuve, ça marche. Je le vois même autour de moi et mes amies vous diront la même chose. 

Votre livre vous définit d’abord en tant que femme parisienne passionnée d’Histoire qui raconte la vie d’autres femmes. Elles ont lutté contre une société trop masculine chacune à leur manière et avec les moyens de leur époque. Et vous, est-ce que vous vous considérez comme féministe aujourd’hui ?

Oui, je suis féministe, mais je ne suis pas néoféministe. Je ne suis pas contre les hommes mais pour les femmes. Je pense que c’est une question de génération car je ne me reconnais pas du tout dans le discours et les actions des mouvements féministes actuels. Je ne dis pas que toutes les féministes aujourd’hui sont comme cela, il ne faut pas généraliser. Mais en tous cas, ma vision n’est pas celle de l’homme à abattre. 

Est-ce qu’on peut dire que vous proposez une réécriture de l’Histoire de France du Moyen Âge au XXe siècle mais sous un prisme uniquement féminin ? Était-ce pour vous une nécessité de placer la femme parisienne au centre de l’Histoire ?

Ce serait prétentieux de ma part de déclarer que c’est une nécessité car je ne suis pas professeur d’histoire à la Sorbonne. De toute façon, je n’aime pas ce genre d’injonction. C’est vrai que je parle d’autres femmes mais si j’étais un homme, je parlerais peut-être de Napoléon comme modèle à suivre pour réussir… Bon, je ne sais pas si Napoléon est un choix de modèle judicieux car à la fin, ça s’est un peu mal terminé pour lui. Je veux écrire sur les femmes oubliées, oui, mais à mon petit niveau. Mais vous savez, l’Histoire est écrite par les vainqueurs. Il ne faut pas oublier les minorités mais je ne suis pas militante. Je ne veux pas utiliser l’Histoire comme un outil de propagande. Je donne plutôt à lire une vision personnelle de l’Histoire qui est en fait très subjective. Dans mon livre, je parle d’abord de femmes qui m’intéressent et qui peuvent être intéressantes pour d’autres.  Une jeune femme d’origine chilienne qui pensait ne pas avoir un bon niveau en espagnol m’a dit un jour qu’elle s’était inscrite au concours d’agrégation d’espagnol après avoir lu mon livre. Si ce que j’écris peut aider d’autres femmes à avoir davantage confiance en elles, tant mieux !

Vous parlez de vous et de ces femmes avec auto-dérision et humour tout en apprenant des anecdotes historiques inédites à vos lectrices. À votre avis, sur quelle femme doit-on prendre exemple si l’on veut être raffinée et indépendante aujourd’hui ? Parmi ces cinq femmes, quelle est votre préférée ?

Hum… Madame de Montespan était raffinée mais détestable ! C’est clairement la plus belle des cinq. Mais en fait, elles sont toutes raffinées à leur manière. George Sand reste ma préférée. C’est celle qui m’impressionne le plus car elle avait tout contre elle. C’est la plus indépendante aussi et la plus généreuse. Elle a lutté toute sa vie contre la misère en aidant les pauvres et les enfants. Sa vie est un engagement. Elle est devenue un vrai modèle européen qui a d’ailleurs beaucoup inspiré Charlotte Brontë, les Anglais l’oublient souvent. Sarah Bernhardt était un peu égocentrique mais si elle ne l’avait pas été, aurait-elle réussi de façon si éclatante ? En réalité, je les aime toutes ! Elles ont toutes des défauts mais qui n’en a pas ? 

Avez-vous des conseils à donner aux jeunes filles d’aujourd’hui ?

C’est drôle car justement, j’ai une amie qui a offert mon livre à sa fille de 18 ans ! Je pense que la clé c’est l’éducation. Il faut que les jeunes filles fassent des études et obtiennent un bon diplôme. Si je devais leur donner un autre conseil, ce serait : « Ne vous limitez pas et soyez ambitieuses ! » L’autre jour, une jeune fille me disait qu’elle voulait devenir infirmière. Je lui ai répondu : « Et pourquoi pas médecin ? » Voyez grand, think big comme diraient les anglophones. En réalité, je ne sais pas s’ils le disent mais ça sonne bien en anglais. 

Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions. Par ailleurs, avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Je vais d’abord finir de faire traduire Belles et Rebelles en anglais car beaucoup d’Américaines me le demandent. Si ce livre plaît aux gens, j’écrirai sur les cinq autres femmes dont je parlais dans mes podcasts : Ninon de Lenclos (experte en art de la conversation), Madame de Sévigné (qui nous apprend comment écrire des SMS), Kiki de Montparnasse, Chanel (qui était détestable mais qui est un très bon modèle de coaching) et bien sûr, Simone de Beauvoir !