« Je ne supportais plus le bashing des fonctionnaires »
On peut être énarque et humble à la fois, avoir eu la grosse tête et aujourd’hui prêcher la modestie. Hervé Boullanger défend l’éthique du fonctionnaire.
« J’ai été frappé par le nombre de récits de vie écrits ces dernières années par des fonctionnaires qui restaient sur le registre de la dérision, de l’amertume, du sentiment de dévalorisation et du découragement. Je me suis dit que si je parvenais à convaincre, même un seul collègue, que notre travail au service de l’intérêt général est une très belle vocation, mon pari serait gagné. »
L’homme qui parle avec autant de sagesse d’une catégorie sociale souvent moquée n’est pas un saint. Il s’est lui-même qualifié autrefois d’arrogant, d’autoritaire, de condescendant… « Il y a des connards qui le restent, d’autres qui évoluent », finit-il par lâcher, s’installant de facto dans la seconde catégorie.
Flash-back : après avoir fait khâgne, hypokhâgne, sur les bancs du lycée Descartes de Tours, Hervé Boullanger a gravi à vive allure les échelons d’une époustouflante carrière : IEP de Bordeaux, ENA… A peine diplômé, le très jeune commissaire de marine qui a grandi sur la dalle de Rochepinard se voit confier la logistique de bord du « Jeanne d’Arc ». « J’aimais les voyages », en sourit-il encore. Puis s’ouvre la voie royale au sein de plusieurs ministères, avant que le magistrat à la Cour des comptes n’atterrisse dans le saint des saints, rue Cambon, où il réalise des audits d’organismes publics et privés. « Je me suis longtemps senti tout-puissant, s’excuse ce père de trois enfants. On croit diriger le monde, on marche sur la tête des autres, on veut tenter des coups pour se faire remarquer. Résultat, on frôle le ridicule, on perd petit à petit ses copains. On se croit supérieur. C’est nul. »