La Sagesse du Photographe, Fouad Elkoury.
Photographe et vidéaste, Fouad Elkoury étudie l’architecture à Londres avant de se tourner vers la photographie. Il documente la vie quotidienne des Libanais pendant les années de guerre, notamment lors de l’Intervention militaire israélienne au Liban de 1982 à l’issue de laquelle il se retrouve à bord du paquebot Atlantis. L’ensemble des images prises entre 1977 et 1984 constitue a posteriori la série Civil War. En 1991, il fait partie de « Beyrouth Centre-ville », une mission photographique organisée par Dominique Eddé aux côtés de Robert Frank, Raymond Depardon, René Burri, Josef Koudelka et Gabriele Basilico. Les années suivantes, il assiste à la démolition de la ville en ruines, destinée à être reconstruite et en conserve l’empreinte dans Traces of War. Il collabore avec Akram Zaatari et Samer Mohdad, l’un des créateurs de la Fondation arabe pour l’image. En 2002, Fouad Elkoury est invité à produire Sombres, un corpus d’œuvres destiné à être exposé à la Maison européenne de la photographie. Il participe également au premier pavillon national du Liban à la 52e Biennale de Venise en 2007 avec la série On War and Love. En 2011, il présente Be…longing, une importante exposition au Beirut Art Center. En 2017, avec l’actrice et journaliste Manal Khader et l’artiste et historien d’art Gregory Buchakjian, il entreprend un examen rétrospectif de 50000 clichés pris au Liban archivés depuis le début des années 1960. Il en résulte l’ouvrage Passing Time ainsi que l’exposition éponyme dans le Stone Garden.
« Lorsqu’on imagine la photographie comme un moyen de se retrancher dans un univers peuplé de personnages à la fois graves et drôles, la guerre, comme cadre principal n’est pas vraiment compatible avec la photo. Cette première expérience était loin de coller à mes attentes. Pourtant je m’y accrochais comme celui qui, à peine rencontre-t-il une personne dont il pressent qu’elle pourrait devenir amie, lui raconte des faits marquants de sa vie, sans se soucier de produire une continuité, espérant qu’avec le temps, elle replacera les premiers dans leur contexte pour se faire une idée plus cohérente de son interlocuteur. C’était l’état d’esprit dans lequel j’opérais au début de la guerre. Je laissais les images venir à moi sans me soucier de leur pertinence, remettant à des jours plus calmes le soin de les mettre bout à bout et de comprendre ce qu’elles signifiaient. »