La Sagesse du Faiseur de chanson, Georges Moustaki.
Georges Moustaki vient en 1951 à Paris où il s’installe chez l’une de ses sœurs et son beau-frère, le poète Jean-Pierre Rosnay, libraire pour qui il fait du porte-à-porte en vendant des recueils de poésie. Par la suite, il devient journaliste, puis barman, ce qui le pousse à fréquenter des personnalités du monde musical de l’époque, notamment dans le quartier Saint-Germain-des-Prés. Il entend ainsi Georges Brassens se produire un soir ; c’est pour lui une révélation : il n’aura de cesse de faire référence à ce maître, allant jusqu’à adopter son prénom en guise de pseudonyme. En 1958, le guitariste Henri Crolla lui présente Édith Piaf pour laquelle il écrit une de ses chansons les plus connues : Milord. Durant les années 1960, il est compositeur et parolier pour les grands noms de la chanson française comme Yves Montand, Barbara et Serge Reggiani avec qui il se lie d’amitié. Il est également l’auteur de Ma solitude, Joseph et Ma Liberté ou encore La Longue Dame brune qu’il interprète en duo avec Barbara. En tant qu’artiste engagé pendant les événements de mai 68, il écrit, compose et interprète Le Métèque. Il est aussi proche des mouvements trotskistes avec Sans la nommer où il personnifie la révolution permanente. Pendant les trois décennies suivantes, il parcourt le monde pour se produire, mais surtout pour trouver de nouvelles inspirations.
« À quel moment, le petit garçon que j’étais a réagi à la musique au point d’y engager sa vie moins de deux décennies plus tard ? Je me revois enfant lors des réunions familiales, l’oreille collée sur le limonaire qui trône dans le salon. Mon grand-père, le beau Giuseppe, tourne une manivelle et fait jaillir des sons imprévisibles et fascinants. Une gaieté inattendue s’installe dans la pièce, les conversations s’arrêtent, la musique prend le pouvoir. Le 8 janvier 2009, je décidai de ne plus chanter. J’allai pour la dernière fois sur la scène du Palais de la musique catalane, à Barcelone, expliquer au public que mes problèmes respiratoires ne me permettaient pas de faire le concert pour lequel nous étions, les musiciens, techniciens, les spectateurs et moi, réunis. Le public réagit par un silence ému, plus bouleversant que les plus grandes ovations. Quelques minutes auparavant, je ne savais pas que mon aventure de chanteur allait s’arrêter. Elle avait commencé un peu par hasard. »